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LE TEMPS DE LA VIOLENCE
Par le Général BEAUFRÉ

Recueilli par Sivéra

EXTRAIT

Historia Magazine N°201-10 novembre 1971

La révolte se propage, sans qu’on sache où elle va frapper. Ce que des hommes ont accompli, d’autres le détruisent.

l'A.L.N., Armée de Libération Nationale : Une Rébellion sans visage


Fellaghas : le mot signifie coupeurs de routes. Employé pour désigner d'abord les rebelles tunisiens, il passe en Algérie par les chemins détournés du terrorisme. Des routes, jusque là paisibles, changent soudain de visage. Pour les soldats, c'est l'embuscade; pour les civils, le car qui doit stopper sous la menace des fusils. L'Algérie semble revenue aux premiers jours de la conquête, à l'attaque des diligences. Autre western, un siècle après.

le F.L.N. impose sa loi : la corde et le couteau pour tout homme qui refuse de se soumettre .

Dans les douars perdus où les rebelles règnent la nuit, on pend les chiens et les hommes. Les chiens, pour qu'ils n'aboient pas à l'arrivée des groupes armés; les hommes, quand ils ont trahi la rébellion et la loi du silence.

L'égorgement Atrocement appelé « le sourire kabyle » : Il fera mourir plus de musulmans que d'Européens. Ceux qui bravent les interdits inspirés des traditions de l'islam : pas de tabac, pas d'alcool. La mort frappe aussi les fidèles de la France.

L’OPÉRATION de la Toussaint, montée par le C.R.U.A., avait été conçue par les conjurés comme une manifestation, un énorme scandale destiné à secouer l'assoupissement des masses musulmanes et à éveiller l'attention de l'opinion française sur la nécessité de réformes.
En fait, un mois plus tard, il s'avéra que, si le scandale avait été grand, les résultats matériels étaient négligeables. D'autre part, les masses musulmanes demeuraient étrangement passives et même, dans la plupart des cas, jugeaient sévèrement les révolutionnaires qui risquaient de les entraîner dans l'escalade de la répression, Bien plus, seule une intime minorité osait espérer que la révolte ne serait pas écrasée.
Devant ce bilan peu encourageant, il est assez remarquable que le petit groupe des conjurés de la Toussaint n'ait pas perdu l'espoir et que, placé par les circonstances le dos au mur, il ait eu l'intelligence de relancer son action selon des formules particulière ment bien choisies, qui devaient assurer le succès ultérieur de la révolte. Il est intéressant d'analyser ces formules.

Comme déjà les rebelles irlandais...

Il ne semble pas, d'ailleurs, que l'élaboration du nouveau plan d'action ait résulté de raisonnements théoriques très poussés. En fait, la situation des conjurés était celle d'hommes traqués. Il était pour eux essentiel et urgent de neutraliser les informateurs de la police pour aveugler le système répressif, donc de s'assurer le contrôle de la population musulmane.
Pour ce faire, le premier réflexe fut d'instaurer un terrorisme implacable : tout informateur serait exécuté de façon spectaculaire et rituelle, par égorgement, si possible devant la population assemblée. De tels exemples ne tarderaient pas à museler tout le monde. Il serait en outre possible, par ce procédé, d'éliminer progressivement tous les musulmans fidèles à la France.

Cette réaction élémentaire, qui avait été celle des révolutionnaires irlandais, devait être appliquée par les Algériens avec des procédés auxiliaires qui devaient se révéler efficaces.

Discipline religieuse imposée au couteau

S'appuyant sur les traditions laissées par le mouvement Ulema, d'inspiration religieuse, la prise en main de la population exploita le thème politique d'un retour à l'orthodoxie musulmane : interdiction de boire du vin et de fumer. Par ces méthodes, les révolutionnaires s'identifiaient aux traditions nationalistes les plus caractéristiques. En outre, imposant un comportement visible d'un ascétisme facile à suivre, mais marquant nettement les sympathisants et les adversaires, il permettait une pression généralisée sur l'ensemble de la population masculine.
Comme il eût été impossible que cette discipline fût acceptée volontairement, elle fut imposée par un terrorisme mineur : les révolutionnaires coupaient le bout du nez des contrevenants après plusieurs avertissements ou amendes.

Ce châtiment marquait définitivement d'opprobre les opposants et avait une portée psychologique considérable. Grâce à ce moyen de pression, l'existence du mouvement fut rapidement connue ainsi que sa présence invisible. De plus le caractère « bon musulman » de la pression ainsi exercée ne pouvait qu'avoir une heureuse influence sur les populations, et notamment sur les femmes.

Naturellement, le développement de cette politique supposait la réalisation de véritables réseaux clandestins à base de cellules étroitement cloisonnées, selon les procédés révolutionnaires classiques. Mais grâce à l'action entreprise, l'organisation devait faire rapidement boule de neige, d'abord dans l'Aurès et en Kabylie, plus tard dans le Constantinois et à Alger.

Mais ce développement devait également obéir à une logique particulière qui devait assurer son succès.
Le mouvement était très faible. Il lui fallait donc agir avec prudence tout en recherchant le maximum de rendement psychologique. Avec un jugement très sûr, les révolutionnaires s'en tinrent à la ligne de conduite suivante :

1) Continuer et étendre la manifestation scandaleuse de la Toussaint, mais en se limitant à des objectifs non défendus (fermes isolées, écoles rurales, ouvrages d'art non gardés), qui seraient brûlés ou détruits.
Ces opérations narguaient l'autorité française et renforçaient le prestige de la révolte;

2) Lorsque la population serait suffisamment organisée et prise en main, la compromettre en la faisant participer aux destructions. L'opération la plus fréquente a consisté à couper les poteaux télégraphiques. Les révolutionnaires plaçaient ainsi les autorités françaises devant une alternative difficile : soit réprimer à l'aveuglette et jeter la population dans le camp de la rébellion, soit accepter le fait accompli et, en pays d'Islam, perdre tout prestige.

On marque les hommes comme le bétail: au fer rouge.

Le F.L.N. appose son sceau sous les pieds des cadavres. Cadavres de colons, cadavres de musulmans, retrouvés à l'aube, sur un sentier. Hiérarchie dans l'atroce. Quand la sentence est plus légère, on n'égorge pas le fumeur. On lui coupe le nez. Si, par miracle, la victime est sauvée à temps, le chirurgien recoud. Pour un Arabe, le nif (le nez), c'est le panache.

                        Entre les rebelles et l'armée une guerre d'alerte et d'embuscade, la guérilla

En fait, cette tactique d'extension en tache d'huile, que les fellaghas venaient d'inventer, répondait parfaitement à la théorie exposée par Lawrence dans son livre les Sept Piliers de la sagesse à propos de sa méditation dans le désert d'Arabie, où il mit au point, en 1916, sa « manœuvre de Médine ». Réfléchissant au problème que la révolte arabe avait posé aux Turcs, Lawrence avait eu la révélation que la seule façon de prendre le meilleur sur les Turcs avec des moyens peu puissants était d'étendre en surface la menace que faisait planer la rébellion, sans jamais forcer les Turcs à se replier ni à se regrouper. A partir d'un certain rapport de, surface, la rébellion aurait automatiquement le dessus. Sans le savoir, à la fin de 1954, les fellaghas, en Algérie, élèves de Lawrence d'Arabie, entament une gigantesque « manœuvre de Médine ».

Il s'agit de menacer tout ce qui n'est pas gardé afin de forcer les troupes françaises à protéger une infinité de points, et, par là, de se diluer de plus en plus. C'est par ce mécanisme que l'on verra, plusieurs années plus tard, 400000 soldats français pratiquement engagés et tenus en éveil par probablement moins de 20 000 fellaghas.

Mais cette « manœuvre de Médine » à l'échelle algérienne allait se développer dans un terrain favorable.

                                        La sous-administration : meilleure arme du F. L. N.

Contrairement à la légende qui s'instaurera après coup, ce n'était pas le terrain politique qui était le plus favorable. Dans leur très grande majorité, les populations musulmanes redoutaient la révolte et faisaient confiance aux Français pour résoudre leurs problèmes tôt ou tard. Mais ce qui agit de façon décisive en faveur de la rébellion, ce fut la sous?administration des départements algériens, ou, quand il y avait des traces d'administration, la mauvaise qualité fréquente de cette administration sur le plan local, souvent discréditée.

Dans les communes dites « de plein exercice » parce qu'il y avait une certaine proportion de colons européens, le pouvoir politique était entre les mains des maires élus par le « premier collège », c'est-à-dire par les Européens, grossis des anciens combattants musulmans. Le « deuxième collège électoral, celui des sujets musulmans, n'avait qu'une influence minime.

Dans les « communes mixtes », circonscriptions placées sous l'autorité d'un administrateur, tout le système administratif était entre les mains de fonctionnaires : gardes champêtres, à l'échelon du douar, caïds à l'échelon de la tribu. Toutefois, en pays berbère, il existait des assemblées de notables musulmans à l'échelon des villages. Si l'on ajoute que la densité des brigades de gendarmerie était plus de dix fois moindre qu'en métropole, que les effectifs de la police (renseignements généraux et police criminelle) étaient dérisoires, ainsi d'ailleurs que ceux de la police en uniforme dans les villes, on imaginera facilement que toute cette armature, dont l'efficacité reposait sur le renseignement par des informateurs, devait se montrer complètement impuissante dès que la population aurait été muselée.

C'est ainsi que la rébellion s'étendit en surface comme un feu de prairie.

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Général BEAUFRÉ



 
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