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Sétif - Le Mythe des 45000 Musulmans Victimes de la Répression.

Lettre au Journal Le Monde
par
Maurice Faivre
(Transmis au Site 
par G.Viala)

Paris le 24 mars 2005

Général (2S) Maurice Faivre
2 rue Michel-Ange 75016 Paris
Vice-Président CFHM et
membre de l'Académie des sciences
d'outre-mer

Monsieur Philippe Bernard
Journal Le Monde

Le général Delmas vous avait suggéré de me rencontrer,' ce que vous n'avez pas retenu. Je le regrette, car cela m'aurait permis de relever quelques imprécisions et omissions, qui n'auraient pas une grande importance si elle n'induisaient en erreur certains de vos lecteurs. C'est à vous que je m'adresse parce que je sais que vous vous intéressez aux harkis.

Vous vous référez dans votre article du 19 mars au jugement de Marc Chervel, en oubliant de préciser qu'il s'agit d'un "officier républicain" (association très à gauche), qui a publié "De la résistance aux guerres coloniales", dans lequel il avoue (p.138 et 160) que chef de SAS de Faidja, il a été écarté le 22 août 1958, à la demande de la Sécurité militaire, parce qu'il était hostile à la politique du gouvernement ou même constituant un danger pour" cette politique. Son jugement péremptoire prend ainsi une coloration politique que vos lecteurs n'auraient pas dû ignorer. Oubli involontaire ou dissimulation volontaire, je me pose la question.

Soucieux d'objectivité et de précision, je trouve dans l'éditorial du Monde du 19 mars un certain nombre d'affirmations dont l'énoncé me fait émettre des doutes sur les connaissances historiques de leur auteur. J'ai eu accès par dérogation à la plupart des archives sur la politique algérienne de la France (8 mai 1945, Comité des Affaires algériennes, archives Debré, Messmer, Delouvrier, de Broglie, Maurice Patin, généraux Ely, Olié, Gambiez, colonel Schoen, Jean Servier, CICR, etc...), dont je vous citerai les références précises si vous le souhaitez. Je me fais un devoir de souligner les erreurs suivantes, que je vous serais obligé de communiquer à la direction du Monde

- plus de 10.000 Algériens ont trouvé la mort à Sétif le 8 mai 1945. L'éditorialiste du Monde n'a pas osé reprendre l'accusation de la Fondation de Bachir Boumaza, apparatchik qui fait état d'un génocide (sic) de 45.000 morts (chiffre gobé par votre collègue FL.Baugé le 10 mars). Je vous signale que l'ambassadeur a parlé à Elkabach de 5 à 10.000 morts, ce qui me paraît encore exagéré par rapport aux évaluations des vrais historiens (et non des pamphlétaires) qui ont étudié le dossier. Je vous invite à vous reporter aux évaluations de Jauffret (2.628) et Ageron (5 à 6.000).

Les archives militaires sont précises et mesurées. Les représailles les plus graves sont dues à des milices civiles. La liste du PPA publiée par Mahfoud Kaddache et Boucif Mekhaled pour Guelma, où la répression de la milice "ouvrière" a été la plus violente, comprend 447 tués. Pour la milice de Chevreul, le chiffre varie de 120 à 300. A Sétif, le massacre décrit par Kateb Yacine est estimé par le général Tubert de 20 à 40 tués. Le chiffre de 45.000 correspond en gros au nombre des manifestants. C'est donc un beau sujet de discussion pour historiens sérieux.

Faut-il rappeler les contre-vérités - du Jean-Bart qui tire sur Kerrata par dessus lé Takoucht (1.896 mètres) - et de cette historienne reconnue, qui de la bibliothèque universitaire d'Alger voit passer les avions, alors qu'ils décollaient de Tunis et d'Ain Arnat (aucun bombardier à Maison­Blanche), et observe les bombes qui tombent sur Sétif (à 220 km) ?

- la torture généralisée, en référence aux accusations de Vidal-Naquet, lequel est un spécialiste de la Grèce, mais un mauvais historien de l'Algérie (erreurs grossières dans le Monde du 4 février 1998). Il le reconnaît lui-même lors du colloque de Nancy en 1998 : " Je ne suis pas un historien de l'Algérie, je ne suis même pas un historien de la guerre d'Algérie, ou si je le suis, c'est d'une façon très partielle et, si j'ose dire, très française". Partiel n'est pas loin de partial.

Ancien collaborateur de Vidal-Naquet, le philosophe Paul Thibaud a procédé à son auto­critique : “...démentant les prétentions morales de la gauche française et l'idéalisme des intellectuels, la guerre d'Algérie est un évènement tragiquement négatif”(Les violences en Algérie, p.157). Quant au professeur Mandouze, il reconnaît que le contre-terrorisme s'est nourri du terrorisme ... qui est la cause originelle de tout (Mémoires d'outre-siècle, p.351).

Sans nier la réalité de la torture, en particulier dans la première bataille d'Alger, j'ai consulté en août 2004 les archives du CICR, qui montrent que plus de 80% des détenus, interrogés sans témoin (de 1956 à 1962, dans 444 centres de détention), n'expriment aucune plainte de torture.

- la Question de H.Alleg est le témoignage le plus éloquent des méthodes utilisées. Je reconnais son impact médiatique, mais ne reconnais pas les accusations qu'il porte contre le capitaine Faulques, lequel a obtenu réparation, en présence d'Alleg, devant le 17ème Chambre correctionnelle le 14 avril 1970. Les archives de la Commission de Sauvegarde de Maurice Patin, que j'ai consultées en 2003 sans être autorisé à publier ce qui concerne la torture, ne font que confirmer mes doutes.

- les 3.024 disparus du Juste Paul Teitgen ont été démentis de façon très argumentée par le colonel Godard et mis en doute par l'historien Pervillé. J'ai relevé dans la correspondance Debré - ­Michelet (2 DE 22)du 19 septembre 1960 les jugements suivants sur ce "Juste" (textes publiés dans Conflits d'autorité en guerre d'Algérie, L'Harmattan 2004, p. 65-66.): - Edmond Michelet déplore la déposition de Teitgen au procès Jeanson, et la frénésie pathologique de la tribu, que la déportation a accentuée,

- Debré répond le même jour que les mérites du personnage ... sont minces ... qu'il a commencé assez médiocrement sa carrière ... qu'il se livre à une comédie indigne de sa qualité de fonctionnaire ... et que son récit est mensonger.

- 1 à 2 millions d'Algériens dans des camps de concentration. Pourquoi ce terme volontairement mensonger, sinon pour assimiler les militaires français aux nazis? Les accusations de Michel Rocard contre les centres de regroupement (il en a visité 15 sur 343 en mars 1959, qui seront 2.392 deux ans plus tard) ne tiennent pas face au rapport officiel de six Inspecteurs de l'administration, ni aux rapports des généraux Beaufre, Olié, Gambiez et de dizaines d'officiers SAS qui ont obtenu les meilleurs résultats dans ces centres. D'autres sont moins favorables, mais les déclarations du photographe Garanger, démenties par le colonel de Mollans, ne sont pas crédibles.

Je reprends cette étude après avoir rencontré le géographe Xavier de Planhol, qui a étudié les centres de regroupement de l'Algérois en 1959-60 (PUF, 1961). Il estime qu'ils ont fait gagner deux siècles aux populations déshéritées du djebel. D'ailleurs le professeur Comaton qui les a visités huit à quinze ans après la fin de la guerre, a constaté que la plupart s'étaient maintenus. Les mille villages de Delouvrier seraient ainsi devenus d'authentiques villages socialistes !

La France s'engage-t-elle vers une opération de repentance, comme le Monde le souhaite ? Je ne pense pas que notre ambassadeur et le Président Chirac commettent ce qui serait pire qu'une erreur. Cela ferait assurément plaisir aux apparatchiks du FLN et à leurs soutiens dans les médias algériens et français. Mais cela ne correspondrait pas à la volonté profonde du peuple algérien, qui sait ce que la France, au-delà des fautes commises par les deux camps, a réalisé en Algérie. Nous avons une histoire commune qui n'est pas faite que de violence. Je partage sur ce point l'avis de Guy Pervillé, un historien que le Monde se plait à ignorer

Le procédé consistant à juger des actes semblables en utilisant “deux poids et deux mesures”, écrit-il (actes du colloque des 23 à 25 novembre 2000), est le principal obstacle à une véritable réconciliation franco-algérienne. Celui-ci ne peut être levé que par une volonté commune de procéder simultanément à des examens de conscience également exigeants, au nom de valeurs partagées. La repentance unilatérale ne saurait être la solution. Les Algériens et les Français ont besoin de reconsidérer leur passé avec esprit critique, en distinguant clairement les actes qui méritent d'être honorés et ceux qui ne le méritent pas. Les récents et actuels malheurs de l'Algérie, en démontrant d'une manière éclatante les méfaits du culte de la violence, permettent d'espérer cette convergence des volontés.

Maurice Faivre


 
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